
Salariée de l'EBE La Fabrique de l'Emploi
Cathy
Portrait chinois : Que serait l’expérimentation TZCLD à Antony pour moi… …si c’était un nombre ? Ce serait 14. A Antony, entre l’émergence du concept TZCLD par le conseil citoyen en 2018 et l’habilitation de la Ville par le fonds national en juillet 2024, il s’est écoulé un certain temps et, accessoirement, un Covid19. Le travail de terrain et de coordination des acteurs locaux mené pendant cet intervalle avait permis, entre autres accompagnements et avant même la création d’une EBE, de faire retrouver un emploi stable à 14 personnes (11 CDI, 3 CDD) qui en étaient éloignées de très longue date. Je trouve que ce chiffre valorise fortement ce travail collégial. …si c’était une chanson ? Ce serait « Il changeait la vie » de Jean-Jacques Goldman. Je ne suis fan ni de la chanson ni de l’auteur mais elle met à l’honneur des gens simples et humbles qui changent la vie des gens grâce à leur travail. Je peux témoigner que celui mené collectivement dans l’expérimentation TZCLD a changé la vie de la grande majorité des PPDE qui s’y sont investis à Antony. …si c’était une fête ? Les PPDE, divers membres du CLE, la plupart des bénévoles et des clients de l’EBE habitent le quartier. Les retombées les plus concrètes, qu’elles soient économiques ou sociales, touchent d’abord le voisinage immédiat. Donc ce serait la fête des voisins ! Il s’agit d’une démarche volontaire dont tout le monde ne s’empare pas qui peut revêtir une forme différente d’une rue à l’autre mais qui se pratique dans tout le pays ; des similitudes avec TZCLD dont j’ai pris conscience en discutant avec mes homologues de Bourgogne, de Corse ou d’ailleurs, d’abord dans les ateliers de la réunion d’embarquement à Nantes puis ceux de la conférence territoriale du droit à l’emploi à Bondy en 2024. …si c’était un lieu ? Ce serait le centre commercial Breuil-Pajeaud puisque c’est là que j’ai projeté pour la première fois l’atterrissage physique d’une EBE. Depuis, Les Ateliers d’Antraide sont nés, longue vie à eux, et y exploitent des locaux après avoir traversé diverses épreuves (inondation, cambriolages, galères électriques, dératisations…). Deux boutiques ont été réhabilitées pour la ressourcerie et sont d’ores et déjà ouvertes au public. Les travaux de rénovation de l’ex-station-service touchent à leur fin : ses bâtiments pourront recevoir d’ici peu l’atelier vélo, un comptoir clientèle pour la conciergerie et le fablab. Les connexions multiples avec les acteurs du territoire et l’implantation dans ces locaux, qui étaient vacants depuis des années, redonne de la vie à ce centre commercial qui se paupérisait à petit feu alors qu’il sert de point névralgique à tout un quartier. D’autres locaux suivront peut-être. J’ai bon espoir de pouvoir mettre le grapin sur celui de La Poste, partie cet hiver, pour le partager entre l’EBE et l’épicerie solidaire avec laquelle certains ateliers ont déjà été mutualisés. …si c’était une fable de la Fontaine ? Ce serait « Le laboureur et ses enfants », inspiré d’Esope. Un père, sentant venir sa fin, y montre à ses enfants que le travail est un trésor. Ce que prouve, si certains en doutaient, la volonté déployée par divers PPDE pour retrouver un emploi malgré leur situation familiale, leur santé, leurs lacunes, leurs problèmes. …si c’était un animal ? Ce serait l’âne car il faut se montrer opiniâtre pour arriver au bout du dossier d’habilitation, incluant demande de complémentarité et modification du déroulé de l’instruction. L’argent public qui irrigue les territoires dans le cadre TZCLD est conséquent et je comprends que l’association nationale doive s’assurer de son bon usage, il en va de la crédibilité de l’expérimentation et donc la pérennisation du financement, mais le formalisme du dossier puis le suivi sont un peu lourds et ont occasionné quelques chardons à grignoter. Les PPDE qui avaient été démarchés dès 2019 ont dû également se montrer opiniâtres jusqu’à 2024 où la convention a été signée et eux embauchés. Ils participaient aux opérations grains de sel, aux grèves du chômage et, à partir de 2023, ouvraient même bénévolement ce qui préfigurait la future ressourcerie. …si c’était une pièce de la maison ? Entre l’état initial des locaux mis à disposition, les stocks de la ressourcerie (notamment les dons de vêtements qui avaient généré une montagne de sacs plastiques), les ateliers vélo et bricolage projetés, je dirais le garage. Et puis, il y a le pont automobile de l’ex-station-service dont le compresseur a le premier attiré la convoitise de visiteurs nocturnes… …si c’était un super-pouvoir ? En tant que chargé de projet, celui d’animer et coordonner à la perfection un réseau local d’acteurs disparates pour que cela fonctionne et emporte l’adhésion des sceptiques. Si j’étais directeur d’EBE, je gage que celui de flairer toutes les opportunités commerciales possible, pour développer du chiffre d’affaires et embaucher continuellement des PPDE, m’intéresserait fort. …si c’était une couleur ? La réponse peut sembler facile, je le concède, mais ce serait le vert, pour l’espoir que le dispositif apporte aux PPDE : des « gens » accessibles les accompagnent, les orientent, les aident à lever certains freins les empêchant de travailler, s’occupent de leur cas d’une autre manière que celle des institutions en lesquelles ils ont peu confiance. Il n’en faut pas plus à certains pour retrouver la force et la confiance en soi permettant d’agir. C’est plutôt beau quand ça arrive.— Eric