Cœur de Savoie-Val Gelon - Territoire

Une aventure courageuse, une certaine idée de la société où chacun peut avoir sa place, car chacun a la possibilité de la créer avec le soutien du territoire : nul ne doit rester sur le bord du chemin.

Une démarche initiée par des citoyens engagés dans l'Économie Sociale et Solidaire (ESS), dont ATD Quart Monde, à laquelle la collectivité Cœur de Savoie a adhéré, portant une candidature en 2016 (pas retenue) sur tout le territoire. En 2021, la Communauté de Communes de Coeur de Savoie (CCcdS) relance la dynamique avec les partenaires et les citoyens sur 21 communes rurales du Val Gelon pour permettre à toute personne privée d’emploi volontaire d’accéder à un emploi durable.

- Un territoire rural peu dense, marqué par un taux de chômage bas, dans lequel les personnes durablement éloignées de l’emploi peinent davantage à revenir à l’emploi. - Une densité économique faible comparée aux bassins d’emploi de grandes villes, avec des offres d’emploi très peu diversifiées (offres notamment dans les usines de production ou dans le BTP et en intérim). Sur le Val Gelon il n’y avait pas de Structures d’Insertion par l’Activité Economique (SIAE), d’Entreprises Adaptées (EA) ou d'acteurs de l’ESS avant la création de l’EBE. - Un territoire dans lequel il n’y a pas beaucoup de solutions adaptées aux personnes en situation de handicap. - Le territoire se caractérise également par une faible offre en transport en commun. Pour les personnes, la mobilité est l’une des problématiques majeures pour accéder à l’emploi. - Un territoire dans lequel les personnes privées d’emploi vivent en fort isolement, sont « hors radars » et de plus en plus âgées. Des maires du Val Gelon et de la CCcdS se sont engagés pour faire de l’emploi un droit. Le travail partenarial et entre membres du Comité Local pour l’Emploi (CLE) s’est structuré dans le temps. Des partenaires de l’emploi et l’insertion sont fortement impliqués dans le projet, tel Cap Emploi. Suite au lancement de la démarche un réseau d’acteurs de l’ESS, dont les SIAE, s’est renforcé sur Cœur de Savoie. Le maillage fort avec le monde associatif local, notamment Bien Vivre en Val Gelon (BVVG), est essentiel pour la réussite du projet. Il reste toutefois des défis à relever, tels que réussir à embarquer les entreprises du territoire sur le volet emploi et inclusion.

- La création et l’animation du CLE et ses instances (la commission droit à l’emploi et le groupe de travail activités) permettent la mise en œuvre d’un véritable projet territorial et la coopération entre acteurs. - L’engagement de la Communauté de Communes Cœur de Savoie, qui porte le projet et préside le CLE. - Des personnes engagées (bénévoles, volontaires, élus et salariés) qui ont porté le projet depuis le démarrage. - L’embauche de la préfiguratrice (puis directrice) en amont de l’ouverture de l’Entreprise à But d’Emploi (EBE). - La mobilisation des personnes privées d’emploi tout au long du projet, en amont de leur embauche en EBE, ainsi que leur participation dans les instances du projet pour la création du projet a permis de fédérer, et  en tenant en compte des compétences et savoir-faire de chacun. - Une EBE qui œuvre pour un emploi inclusif (réunions collectives, journées de cohésion, formations en interne et externe). L’équipe projet et l’EBE travaillent ensemble dans les actions en commun : exemple, un séminaire d’intégration pré-embauche en EBE.

- La perception de certains élus réticents commence à évoluer favorablement, tandis que le nombre de communes sollicitant Acti’Val73 (EBE du territoire de Coeur de Savoie - Val Gelon) progresse. - Confirmation que l’EBE permet de répondre aux besoins non couverts sur le territoire. De plus en plus d’activités utiles au territoire sont développées : multiservices, mobilité solidaire, réemploi du bois et du textile avec la friperie. - La réouverture d’une boutique en centre-ville de La Rochette permet de redynamiser le centre bourg, dans lequel plusieurs commerces ont fermé. - Des nouveaux partenariats se tissent et d’autres se renforcent en lien avec les stratégies locales du développement. Cela, à la fois sur le volet économique tels des liens avec les commerçants et le Pôle Territorial de Coopération Économique (PTCE), ainsi que dans le volet de l'emploi et du social. - Un impact positif sur le bien-être des salariés de l’EBE ayant retrouvé un emploi, un lien social et un sens d’appartenance à une entreprise qui est en lien avec le territoire. - Petit à petit, il y a un changement de regard vis-à-vis des personnes sans emploi et au chômage. Les à priori se réduisent, même si un effort dans ce sens reste à poursuivre. Il reste à améliorer : - Plus de services et activités adressées aux particuliers et réussir à travailler davantage avec les entreprises et les communes. - Avancer selon les fondamentaux du projet, poursuivre la collaboration avec le CLE, l’équipe projet. - Mettre en place l’analyse de la pratique pour les équipes encadrantes et assurer la stabilité de celle-ci.

Sur le territoire du Val Gelon, l’expérimentation permet de manière concrète de porter collectivement le souci de l’emploi pour toutes et tous. C’est un vrai travail partenarial entre différents acteurs (les mairies, le département, France Travail, Cap Emploi, des commerces et quelques entreprises). Le projet TZ a favorisé et renforcé la mise en réseau des différentes structures qui luttent contre la privation d’emploi sur tout le territoire de la CCcdS. De plus, l’expérimentation permet de travailler dans une dimension multipartenariale assez unique sur le territoire, avec l’implication des associations locales, telles que BVVG, des citoyens ainsi que des volontaires ayant vécu la Privation Durable d’Emploi (PDE). Il faut être vigilant pour que tous les acteurs du terrain (assistants sociaux, France Services, conseillers France Travail) soient impliqués et œuvrent pour mieux mobiliser et accompagner les Personnes Privées Durablement d’Emploi (PPDE) vers un emploi adapté. Ainsi, depuis son ouverture, Acti’Val73 est une réponse concrète à la PDE: 31 PPDE ont déjà signé un Contrat à Durée Indéterminée (CDI). L’approche d’Acti’Val73 est unique: les activités correspondent aux capacités des salariés, les postes sont adaptés quotidiennement, surtout pour les personnes en situation de handicap et les horaires sont adaptés. Par la suite, l’un des défis principaux sera de garantir la poursuite de l’animation partenariale et l’engagement des acteurs tout en restant en ligne avec les fondamentaux du projet TZ. Au vu de la réalité du territoire, l’atteinte de l’exhaustivité reste difficile, surtout pour le retour à un emploi durable hors EBE : des volontaires qui retrouvent un emploi durable essentiellement en EBE. Pour l’EBE, en vue des nouvelles embauches, il sera nécessaire de renouer des nouveaux partenariats ainsi que de pouvoir s’appuyer sur des nouvelles forces du territoire (dont les mairies). La recherche permanente de nouvelles activités est un défi majeur. Pour l’EBE, avoir des équipes d’encadrants qui fonctionnent et qui partagent la même vision et le même discours sera également déterminant. Les ressources de l’EBE restent limitées pour accompagner les salariés, notamment celles et ceux les plus éloignés ; l’offre en services sociaux (suivi psychologique, addictions, logement)  reste limitée.

Il y a besoin d’une généralisation de la loi, pour aller au-delà de la phase expérimentale, et ainsi arriver à une loi pour le plein emploi solidaire partout en France. Il est souhaité d’arriver à une loi qui clarifie le rôle du Département pour faciliter le partenariat local et qui permette de consolider les financements pour le montage et l’ingénierie d’animation du projet. L’harmonisation des initiatives en lien avec les structures d’insertion sera à prendre en compte. Pour la généralisation, il sera important d’analyser la rentabilité de l’initiative au niveau local et au-delà. La question reste sur quelle assiette de calcul et quel prisme serait pris en compte pour l’arbitrage des décisions. Pour l’EBE, des propositions : -Possibilité d’arriver à une défiscalisation pour les particuliers, si sous-traitance par les EBE.  -Possibilité d’utiliser le Chèque Emploi Service Universel (CESU). - Arriver à la signature d’une convention collective. Plus globalement, malgré le contexte politique et budgétaire sous pression, ce qui est encourageant, c’est qu’il y a des signes pour que la dynamique autour du droit à l’emploi se poursuive au niveau local et aussi au niveau national.