Les Mureaux Stade Léo Lagrange-bords de Seine - Territoire

L’expérimentation aux Mureaux, c’est redonner espoir, fierté et confiance en soi, en démontrant que toute personne est employable grâce à l’union des énergies des acteurs locaux pour répondre à de nombreux besoins non satisfaits, utiles et souvent inscrits dans la transition écologique.

La démarche a été initiée en 2018 par le PTCE Vivre les Mureaux. En décembre 2021, son président, sa directrice et une ancienne élue des Mureaux ont créé l’association « TZCLD Les Mureaux » et ont constitué une équipe projet pilotée par un salarié dédié, Xavier Eydoux. L’équipe projet a mobilisé le Maire, son équipe municipale, les services Insertion du département, France Travail, ainsi que les Structures d’Insertion par l’Activité Economique (SIAE).

La ville des Mureaux est une ville de 33 000 habitants, marquée par l’histoire de l’industrie automobile et en particulier l’usine Renault de Flins. Une grande partie de sa population est touchée par la précarité financière. Le taux de chômage est de 17 %. Le territoire pilote de 10 000 habitants a été défini par l’équipe projet en consensus avec tous les acteurs mobilisés. Il comprend un des deux Quartiers Prioritaires de la Ville (QPV) de la ville. Il compte 600 Personnes Privées Durablement d’Emploi (PPDE). L’équipe projet a évalué que 300 PPDE seraient volontaires pour faire partie du projet. Le profil des hommes est souvent marqué par l’empreinte industrielle de Seine Aval (automobile et BTP). Le faible niveau de français écrit est une difficulté pour certains. Celui des femmes est davantage tertiaire, avec notamment des mères de famille qui ont arrêté de travailler pour élever leurs enfants et ont du mal à retrouver un emploi. La ville est une sorte de « laboratoire social ». De nombreuses expérimentations y sont conduites (ANRU, projet Action Cœur de Ville, projets Haute Qualité Environnementale (HQE), aménagements écologiques, Cité de l’emploi, Cité éducative, Programme de Réussite et d’Insertion des Jeunes (PRIJ), citoyenneté, échanges de savoirs,…). De multiples associations sont présentes avec une longue habitude du travail partenarial, entre elles et avec les institutions. Les Mureaux se caractérisent par un engagement citoyen depuis de nombreuses années, visant le plein emploi en travaillant sur l’image de la ville et avec un tissage de réseaux décloisonnés osant les rencontres très diverses (ex : Berger des Mureaux).

Un des facteurs de réussite de l’expérimentation repose sur la capacité des acteurs locaux à bâtir des partenariats en s’inscrivant dans une démarche de coopération et de complémentarité plutôt que de concurrence. Deux bons exemples ont été les transferts à l’Entreprise But d’Emploi (EBE) Mur’envol de l’atelier COP’O (production de litière alternative issue du gisement de cartons du territoire) porté par la SIAE La Gerbe, et de la librairie solidaire APTIMOTS opérée par la SIAE APTIMA. Ces activités marchandes ont permis d’embaucher 24 PPDE dès l’ouverture de Mur’envol. Le terreau partenarial permet également un engagement des employeurs dans l’éradication du chômage de longue durée. Un deuxième facteur de réussite tient à la mobilisation des partenaires institutionnels du projet. L’engagement continu des équipes de France Travail, de la Mission Locale, de l’Insertion du département, de l’agence d’Insertion Yvelines-Hauts de Seine Activit’y, de la Mairie et des services de l'Etat est un accélérateur. Un troisième facteur de réussite repose sur la mobilisation des acteurs du Comité Local pour l’Emploi (CLE) dont la composition s’élargit avec le temps, animé par la directrice du projet, Ariane Neveux. Un quatrième facteur de succès réside incontestablement dans la capacité de l’équipe projet et de la direction de l’EBE à coopérer étroitement et en totale confiance. A cet égard, l’évolution de Xavier Eydoux de porteur de projet à directeur de l’EBE, avec une longue période de recouvrement avec Ariane Neveux, a été facilitante.

Mur’envol compte, après seulement 6 mois, une quarantaine de salariés qui étaient des personnes éloignées de l’emploi depuis environ six ans en moyenne. Sans l’EBE, ces personnes seraient toujours des PPDE, pour la plupart dans la précarité et l’isolement. Ces emplois supplémentaires ont un impact direct sur les familles et leur santé et sur l’économie du territoire. Ils redonnent de l’espoir à une population qui a souvent baissé les bras devant les obstacles du retour à l’emploi. Pour une grande partie de ses activités, Mur’envol s’inscrit comme un prolongement du service public (droit à la culture, encouragement aux mobilités douces, réduction des déchets, services à la personne,…). Il s’agit réellement d'emplois supplémentaires apportant des réponses à des besoins utiles non satisfaits sur le territoire (par exemple l'entretien de vélos dans une ville populaire qui compte de nombreux cyclistes). Le maintien puis le développement de la seule librairie de la ville par l’EBE (librairie solidaire avec des livres neufs et d'occasion) est un autre bel exemple de l’impact de la création de la première EBE. Par ailleurs, la ville et certains bailleurs sociaux font appel aux services de l’EBE. Enfin, la concrétisation des projets décidés en commun par les partenaires, renforce les liens entre les acteurs mobilisés autour de l’expérimentation. La ville associe Mur’envol et TZCLD Les Mureaux à de nombreux événements qu’elle organise. Les SIAE travaillent en confiance avec l’EBE.

Les partenaires locaux engagés dans l’expérimentation considèrent ouvertement que le lancement de la première EBE des Mureaux est un succès. Après une première année 2022 de construction, durant laquelle la priorité était de faire connaître le projet, le dossier a été élaboré dans des délais plus courts que la moyenne grâce aux nombreux soutiens de l’équipe projet. Le dossier de candidature a été déposé en mars 2023. L’habilitation du territoire a été obtenue en juillet 2023. L’EBE a été conventionnée en décembre 2023. Le vote du Conseil Départemental des Yvelines a été acquis en mars 2024. Mur’envol a démarré le 25 mars 2024 avec 24 personnes issues de la privation d’emploi. Au 15 novembre 2024, l’EBE compte 41 salariés dont 35 ex-PPDE (18 hommes et 17 femmes avec des profils très différents et regroupant 10 nationalités). L’exhaustivité est difficile à réaliser compte tenu de la situation locale : le département des Yvelines a limité son soutien à trois ans et à une  seule EBE.  Il est prévu l’embauche de 90 personnes dans l'EBE d’ici fin 2026 alors que 300 personnes (sur 600 PPDE recensées) du territoire sont estimées comme ayant besoin d’être aidées pour trouver un emploi. La coordination des acteurs de l'emploi du territoire est un gage d'efficacité de l'expérimentation et permet un accompagnement concerté des PPDE, avec notamment des solutions de plus en plus variées hors EBE. Les liens avec les entreprises locales sont à développer. Leurs attentes de recrutement ne correspondent pas toujours aux compétences des chercheurs d’emploi du territoire. Les chercheurs d’emploi ont des difficultés en matière de mobilité, ce qui limite l’accès à des emplois plus lointains. Les financements de l’équipe projet et du démarrage de l’EBE restent une préoccupation.

- Pérenniser le financement du projet existant. - Financer l’équipe projet : ce n’est pas le cas actuellement (rien n'est prévu dans la loi), ce qui crée des difficultés importantes de fonctionnement par manque de moyens . - Financer l’extension du projet à toute la ville et la création de nouvelles EBE. - Trouver un fonctionnement satisfaisant et pérenne entre l’Etat et le Département des Yvelines pour assurer le cofinancement des salariés des EBE. - Ne pas limiter le bilan à une analyse comptable. La nouvelle loi devrait intégrer également des éléments non-financiers (dignité de l’emploi, santé, éducation, faire société, réduction de la délinquance,…).