Lille Fives - Territoire

Une chance de mobiliser les compétences de tous les acteurs pour développer l'engagement collectif et individuel, créer des services solidaires, soutenir les entreprises locales et favoriser le développement d'un emploi durable sur le territoire, par et pour les habitants, dans un esprit d'innovation.

Suite à une délibération en 2017, la ville a mandaté la Maison de l'Emploi pour préfigurer une candidature, ciblant le quartier de Fives pour ses défis socio-économiques. Cette candidature a ensuite été renforcée par la suite par un appui municipal sur différents aspects : immobilier, partenariats et animation du CLE. Ce projet vise à co-construire une dynamique avec les habitants et les acteurs socio-économiques sur la question de l'emploi.

L’expérimentation mise en œuvre à Lille-Fives révèle un territoire dynamique, marqué par des enjeux socio-économiques complexes, mais également par une mobilisation locale forte en faveur de l’emploi solidaire. Ce projet s’appuie sur les caractéristiques du territoire : un quartier en pleine mutation, riche de son histoire industrielle et animé par un tissu communautaire soudé. Sur ce territoire, la précarité est une réalité persistante. À cela s’ajoute une forte économie informelle qui complique parfois la régularisation d’emplois stables. La richesse de Lille-Fives réside dans son tissu associatif dense, issu d’une tradition de solidarité et de coopération. Ce maillage, composé de structures de l'Économie Sociale et Solidaire (ESS) et d’acteurs sociaux, soutient les initiatives pour l’emploi local, favorisant ainsi l’engagement de la communauté dans le projet TZCLD. Des structures d’insertion et de formation, ainsi que France Travail, jouent un rôle clé en encadrant les parcours de réinsertion professionnelle et en offrant des accompagnements adaptés pour les demandeurs d’emploi. Le rôle du Comité Local pour l’Emploi (CLE) s'illustre par la mise en relation et en coopération de tous ces acteurs, en promouvant un modèle d’emploi accessible et soutenable pour tous avec un ancrage fort à la fois chez les anciens acteurs du quartier et les nouveaux, issus de la transformation territoriale opérée par les politiques publiques.

L’expérimentation à Lille-Fives offre un modèle de lutte contre le chômage de longue durée en mobilisant une animation territoriale inclusive, une solide dynamique partenariale et un accompagnement humain adapté pour les volontaires et les salariés des Entreprises à But d’Emploi (EBE). La méthode d'animation participative favorise la cohésion sociale en répondant aux besoins locaux grâce à des activités créatrices d’emplois, des concertations constructives, et un diagnostic concerté avec les habitants et les acteurs du territoire. Parallèlement, une dynamique partenariale structurée intègre associations, entreprises et artisans pour maximiser les ressources et offrir des débouchés professionnels. Des conventions et projets portés par les équipes alignent les objectifs du projet avec les besoins du territoire. Le parcours de préparation permet aux publics de bénéficier d’un accompagnement de proximité misant sur l’écoute, le suivi régulier, la formation continue et le développement des compétences pour favoriser leur employabilité et autonomie. Enfin, la gestion des EBE allient rentabilité économique et impact social en soutenant des activités à forte valeur humaine, tout en maintenant un équilibre budgétaire et une coordination efficace entre les équipes. Cette approche intégrée et participative fait de TZCLD un levier puissant pour une insertion durable et solidaire des chômeurs de longue durée, tout en revitalisant le territoire de Lille-Fives.

La création des EBE à Fives s'est inscrite dans la dynamique du territoire en combinant solidarité, développement économique et inclusion sociale. Ces entreprises ont permis de fédérer les habitants et de répondre aux besoins locaux par des initiatives concrètes comme le maraîchage, l’épicerie solidaire ou la médiation sociale. Ces activités ont renforcé le sentiment d’appartenance des salariés à la dynamique de leur quartier et ont généré des interactions enrichissantes, tout en offrant aux volontaires du projet une reconnaissance et une valorisation de leurs compétences, auprès des partenaires économiques associés, contribuant à déconstruire les stéréotypes sur la précarité. La synergie entre les partenaires locaux a été un facteur clé de réussite, diversifiant les projets dans les domaines économique, social, citoyen et permettant une meilleure adéquation avec les envies des volontaires engagés. Cette collaboration a promu une économie circulaire et durable à travers des initiatives sur le textile, l’alimentation et l’animation, tout en renforçant le tissu communautaire. Les EBE ont dépassé leur mission initiale de création d’emplois en redonnant espoir et autonomie aux publics en situation de précarité, tout en dotant la communauté de compétences durables et disponibles. Ce projet a ainsi recréé du lien social, valorisé les acteurs locaux et démontré que la solidarité et l’inclusion peuvent être une plus-value forte du développement territorial.

L’expérimentation sur Lille-Fives a démontré sa capacité à s'inscrire dans la transformation du territoire en répondant au chômage de longue durée par une approche innovante alliant utilité sociale et développement économique. Elle a permis la création de 48 emplois locaux pour des habitants éligibles, améliorant significativement les trajectoires de vie des volontaires et favorisant l’insertion professionnelle dans ou hors des EBE. En renforçant les liens communautaires, elle a suscité un sentiment de fierté collective et valorisé les ressources locales. L’initiative a aussi introduit des activités inédites dans des secteurs délaissés, favorisant l’innovation et enrichissant le tissu économique grâce à des projets économiquement viables et socialement utiles. Ainsi, les EBE se sont imposées comme actrices clés de l’économie sociale et solidaire, soutenue par un appui institutionnel et métropolitain structurant et les équipes projets. Cependant, des défis subsistent. La collaboration avec le secteur privé, les contraintes budgétaires et le manque de locaux disponibles adaptés aux nouvelles activités ralentissent le développement. Le modèle économique reste fragile, nécessitant de trouver un équilibre délicat entre rentabilité et utilité sociale. La diversité des profils des salariés pose aussi des défis d’encadrement, tandis que certains peinent à maintenir leur motivation ou à effectuer une transition vers l’emploi classique. Enfin, le décalage entre les attentes des participants et la réalité des tâches peut affecter l’engagement de certains. Malgré ces limites, TZCLD est porteur de transformations positives, mais sa pérennité repose sur une structuration sur le long terme. Cela passe par un financement adapté, un renforcement de l'encadrement et un arbitrage permanent entre les ambitions individuelles et collectives. Par le projet,le CLE a également fédéré tous les partenaires de la formation et de l'emploi à l'échelle du territoire, pour mettre en cohérence des parcours à échelle humaine et mieux se coordonner sur les actions visant le public, toujours dans l'optique de proposer des solutions durables et adaptées à tous.

Une troisième loi pourrait, en premier lieu, élargir le dispositif à de nouveaux territoires et, dans un second temps, renforcer les financements, notamment sur l’animation territoriale et simplifier les démarches administratives pour une mise en œuvre plus rapide. Elle pourrait intégrer de manière plus transparente les possibilités en termes de commandes publiques (les EBE remplacent parfois des services publics fermés ou inexistants sur leurs territoires). Cette loi favoriserait les initiatives locales en intégrant les marchés publics et soutiendrait la coordination par un financement accru des équipes projet. Elle pourrait aussi encourager les initiatives coopératives et innovantes qui répondent aux besoins socio-économiques locaux, par le biais des acteurs économiques du territoire, contribuant davantage à réduire le chômage de longue durée de manière durable et inclusive. De plus, un maintien de la Contribution au Développement de l’Emploi (CDE), à une bonne hauteur, semble indispensable pour continuer à développer le projet vers les publics les plus fragiles. Assurer la rentabilité d'une entreprise à but d’emploi (EBE) tout en embauchant des personnes très éloignées de l’emploi présente plusieurs défis. Ces entreprises visent avant tout un impact social, avec des emplois adaptés aux compétences des personnes en situation de chômage de longue durée, souvent faiblement qualifiées et éloignées des exigences du marché. Cela signifie que les EBE doivent concilier l’atteinte de leurs objectifs d’insertion avec la nécessité de dégager des revenus pour couvrir leurs coûts. Or, former et accompagner ces employés demande des investissements importants en temps, en formation, et en accompagnement social, ce qui augmente les charges d’exploitation et ralentit parfois la montée en compétences. De plus, les activités créées doivent répondre à des besoins locaux souvent non rentables ou peu solvables, rendant difficile l’autofinancement à terme. Ce modèle demande donc un équilibre délicat entre mission sociale et viabilité économique, nécessitant souvent des soutiens publics et des partenariats pour rester durable sans sacrifier sa vocation inclusive.