Le territoire de Métropole Européenne de Lille - Loos a été habilité le 24/11/2016. Au 1er janvier 2025, le CLE compte deux entreprises à but d'emploi sur son territoire, opérant dans la transition écologique, la cohésion sociale ou encore le développement du tissu économique local.
La collaboration de plusieurs acteurs de l'insertion et de l'emploi avec, notamment, des acteurs de l’Insertion par l’Activité Économique (IAE) permet aux personnes privées d’emploi et volontaires de rencontrer des interlocuteurs à l’écoute de leurs besoins et de leurs difficultés et de recevoir des propositions de parcours adaptés.
Au moment de son habilitation, le comité local pour l'emploi estimait que 977 personnes étaient potentiellement concernées par la privation durable d'emploi sur son territoire
17 mois
C'est la durée moyenne de privation d'emploi pour les volontaires de l'expérimentation, à date
150 personnes
Sont sorties de la privation durable d'emploi en intégrant une entreprise à but d'emploi, à date
Les graphiques
Répartition des volontaires par type de privation d'emploi à date
Description
La privation d'emploi est dite durable lorsqu'une personne est depuis plus de 12 mois soit sans activité professionnelle soit en activité professionnelle mais de manière précaire (contrats courts, volumes horaires faibles subis…).
3 types de privation d'emploi sont ainsi reconnus sur la base de l'expérimentation menée par les territoires zéro chômeur de longue durée :
La privation totale d'emploi
La privation partielle d'emploi
La privation régulière d'emploi.
Répartition des volontaires par âge et par genre sur le territoire
Description
Les volontaires sont des personnes qui se sont portées volontaires auprès du comité local pour l'emploi pour obtenir un travail et qui ont été reconnues personnes privées durablement d'emploi.
La privation durable d'emploi peut toucher toute personne, peu importe son genre, son âge, son handicap, son niveau de qualification, son origine…
La privation d'emploi n'est pas seulement due à des caractéristiques individuelles, mais également à la structuration du marché du travail sur son territoire. La privation durable d'emploi désigne la situation d'une personne dans un contexte donné.
Pour des raisons de confidentialité, les données de ce graphique sont agrégées, par groupe de 5 salarié·es.
Répartition des volontaires en fonction de leur parcours, en 2023
Description
Répartition des volontaires de l'expérimentation en fonction de leur parcours au sein et hors de l'expérimentation. Soit ils sont sortis de la privation d'emploi suite à une embauche en entreprise à but d'emploi, soit ils sont sortis de la privation d'emploi via une autre structure, soit ils sont sortis de la liste des volontaires.
Les volontaires sont des personnes qui se sont portées volontaires auprès du comité local pour l'emploi pour obtenir un travail et qui ont été reconnues personnes privées durablement d'emploi.
Effectifs par entreprise à but d'emploi sur le territoire
Description
Répartition des volontaires sortis de la privation d'emploi selon l'entreprise dans laquelle ils ont été embauchés.
Les volontaires sont des personnes qui se sont portées volontaires auprès du comité local pour l'emploi pour obtenir un travail et qui ont été reconnues personnes privées durablement d'emploi.
Le bilan du territoire
Retrouvez ci-dessous le bilan de l'expérimentation raconté par ses membres.
Extraits : « Une chance. Une réponse à l’injustice sociale. Une expérience inédite. De belles réussites. Un territoire transformé. Un partage de valeurs. Une belle aventure humaine. Récupérer une dignité. Un rêve. Un énorme progrès social. La coopération, le dialogue ».
L’expérimentation est née d’une volonté commune des villes de Loos, Tourcoing et de la Métropole Européenne de Lille (MEL). Après un travail de préparation des habitants, des acteurs locaux et de bénévoles d’ATD Quart Monde, la première Entreprise à But d’Emploi (EBE) ouvre en 2017, permettant la réinsertion sociale de Loossois dans la dignité. Aujourd'hui, chacun des territoires est piloté à l'échelle locale, et une coopération pour un développement partagé serait profitable.
Les Oliveaux, Quartier Politique de la Ville, est dense, en renouvellement urbain, avec des habitants confrontés plus qu’ailleurs dans la commune au chômage et à la précarité. La collaboration de plusieurs acteurs de l'insertion et de l'emploi avec, notamment, des acteurs de l’Insertion par l’Activité Économique (IAE) permet aux personnes privées d’emploi et volontaires de rencontrer des interlocuteurs à l’écoute de leurs besoins et de leurs difficultés et de recevoir des propositions de parcours adaptés. Parmi ces propositions, l’intégration au sein d’une EBE est alors pour un certain nombre la solution adaptée : atteignable (pas de qualification exigée), ouverte (polyvalence dans les tâches, adaptation du temps de travail) et sécurisante (accès à un Contrat à Durée Indéterminée (CDI)). L'expérimentation permet l'accès à un emploi pour des personnes éloignées du marché du travail mais aussi éloignées du tissu social, parfois isolées, dont une partie de mères seules. L’accès à l’emploi permet de reprendre une vie sociale pour chacun-e, mais aussi pour l'entourage et la famille. Cependant, malgré le volontariat et la motivation, il demeure difficile de maintenir la mobilisation des habitants dans la durée et de leur permettre de rester acteurs du territoire.
Les principaux facteurs de réussite de l’expérimentation résident dans l’engagement des partenaires : habitants, acteurs de l’emploi et de l’insertion (France Travail, Structures d’Insertion par l’Activité Economique (SIAE), Mission Locale,Association Régionale pour la Formation, l’Emploi et la Professionnalisation (AREFEP), Centre Communal d’Action Sociale (CCAS), Département…), ville, Etat, EBE… Pour maintenir la dynamique territoriale, des instances de pilotage sont organisées :
- 1 comité de mobilisation (un par mois)
- 1 équipe projet (tous les deux mois)
- 1 Comité Local pour l’Emploi (CLE) (trois par an)
A ces instances s’ajoutent des réunions d’informations collectives destinées aux habitants du quartier privés d’emploi, des accueils individuels et personnalisés par la médiatrice à l’emploi dans le quartier et l’organisation de manifestations liées à l'emploi et à la vie du quartier.
Des temps forts sont organisés par les EBE dans le quartier : manifestations culturelles, marchés, braderies, nos quartiers d’été par exemple.
Si la coopération entre les acteurs de l’emploi et de l’insertion est soulignée, les liens et la coopération avec les forces économiques du territoire pourraient être plus développés. Par ailleurs, l’évolution des salariés passerait par davantage de formation, ou encore de la validation des compétences, des certifications ou de la qualification diplômante. L'accès à la formation représenterait un levier pour une évolution professionnelle interne mais aussi externe.
Enfin, il est à noter que si un pilotage local est bien présent sur le territoire, il pourrait s’affirmer davantage au niveau national afin d’en souligner les spécificités.
Globalement, avoir plusieurs EBE sur le territoire élargit le « champ des possibles » pour les personnes privées d’emploi, favorise la baisse du chômage et participe à la redynamisation du quartier. De plus, cela renforce la dynamique partenariale.
Pour les habitants : l’accès à de nouveaux services utiles et un nouvel élan économique dans le quartier, ce qui contribue à renforcer la vie du quartier.
Pour les volontaires : les EBE permettent de donner une chance « sans condition ». La présence de deux EBE permet aussi la diversité des activités, leur complémentarité ; cela élargit l’offre pour les personnes privées d’emploi.
Pour les salariés : un sentiment de fierté de participer à la vie du quartier et une occasion de retrouver une dignité par l’emploi.
Pour les acteurs et partenaires du territoire, cela permet de travailler en collaboration et au service de l’emploi.
Cependant, instaurer un dialogue et une coopération avec les acteurs économiques du territoire (de l'Économie Sociale et Solidaire (ESS) et de l’Insertion par l’Activité Economique (IAE) compris) reste difficile.
Le développement d’activités et donc d’offres sur le territoire pour les personnes privées d’emploi est un axe à améliorer.
L'expérimentation existe depuis 2017 sur notre territoire. Elle a permis de créer près de 170 emplois. Il est à noter que l’année 2023 a été une année difficile sur notre territoire, les deux EBE ayant rencontré des difficultés économiques, techniques et organisationnelles engendrant une baisse globale des embauches. Ce contexte a contribué à un déficit d’intérêt pour l’expérimentation.
Si les deux EBE représentent des emplois durables et polyvalents pour tous, une expérience valorisante et innovante, « une chance » voire « plus qu’une chance, une reconnaissance » pour les salariés, elles sont aussi source de vie dans le quartier et outil de transformation des personnes.
La coopération des acteurs redynamisée, la prise en compte des avis des salariés au sein de l’EBE, une offre d’accompagnement (association Maillage) favorisant la réussite du retour à l’emploi, les activités utiles au territoire et aux habitants sont autant d’éléments encourageant les acteurs à poursuivre la mise en œuvre de l’expérimentation.
Des changements et améliorations sont à envisager :
- L’accompagnement des salariés vers le marché de l’emploi plus « classique » est à soutenir davantage. Tandis qu’un turn-over en augmentation est repéré.
-Un besoin de plus d’accompagnement pour les personnes en difficulté avec l’emploi est exprimé ainsi qu’une attention pour les personnes privées d’emploi de l’ensemble de la ville.
- La participation des habitants au pilotage apparaît comme peu entretenue.
- Le développement des activités, l’expansion des embauches peut engendrer une crise de croissance des EBE.
-Dans ce cadre, un processus permanent de réflexion sur les activités utiles restant à installer est nécessaire (à l’image du processus de mobilisation des personnes).
- La difficulté à trouver des locaux adaptés persiste.
Et enfin,
- Il est repéré, depuis cette année, une difficulté à mobiliser les personnes privées d’emploi. Ainsi qu’une image de l’expérimentation qui est à revaloriser.
Selon le rôle et la sensibilité de chacune et de chacun, la perception de l’expérimentation peut différer, cependant, force est de constater qu’elle fédère une envie de voir réussir une dynamique locale, spécifique, parfois mise à mal, ralentie mais souhaitée par tous les acteurs.
Ainsi, la 3ème loi devra permettre de poursuivre et pérenniser ce qui est mené depuis huit ans :
-De meilleures conditions de vie par une vie de quartier transformée, non seulement par les services que les EBE apportent (épicerie solidaire, recyclettes par exemple), mais aussi par un climat plus propice à la rencontre et à l’échange.
-De contribuer à la baisse du nombre de personnes privées d’emploi et de sauvegarder les emplois créés. Permettre à des salarié-es de « continuer à vivre un rêve ».
Deux réflexions sont à ouvrir : la place des jeunes (moins de 26 ans) dans ce projet et une nécessaire articulation « gagnant-gagnant » avec les SIAE.
Des problématiques concernant les contours de l’expérimentation devront être mises en question pour envisager la suite: réflexion sur le périmètre territorial et les limites géographiques pouvant freiner le développement des EBE, le nécessaire maintien des financements afin de sécuriser l’équilibre économique.
Enfin, le groupe de travail Loossois envisage le développement de l’expérimentation à l’échelle nationale avec l’ouverture de nouvelles EBE, l’habilitation de nouveaux territoire, voire la consolidation de l’expérimentation pour élargir/essaimer les idées/les bienfaits, les conditions de réussite vers le droit à l’emploi pour tous et partout.