Paris 20e - Fougères le Vau - Territoire

Pour le Comité Local pour l’Emploi (CLE), l’expérimentation à Fougères - Le Vau est une « utopie collective » et un « révélateur de communs ». Véritable « catalyseur d’énergie », elle « réveille le territoire ». C'est un « nœud » qui retisse des connexions humaines et renforce les liens de solidarité à l’échelle locale.

Initiative de la Ville de Paris dans le 20e arrondissement, le projet TZCLD, porté par M. Éric Pliez, maire du 20e, vise à transformer le quartier Fougères - Le Vau. « TZCLD 20 est l’opportunité de dynamiser un territoire géographiquement enclavé et économiquement relégué, de renforcer le lien social et de créer des emplois de qualité tout en valorisant la solidarité et l’équité. »

Fougères – Le Vau est un quartier enclavé, avec peu de commerces et de connexions de transport, où vit une population dense et précaire. « C’est l’un des quartiers au plus fort taux de chômage du 20e, près de 20 % de la population est concernée. C’est un territoire jeune, avec de nombreuses familles monoparentales, mais aussi une grande richesse humaine, avec de nombreux acteurs impliqués ». Ce quartier se situe dans un arrondissement dynamique et militant, où l’écosystème associatif fort a rapidement adhéré au projet, animé par le désir d’améliorer les conditions de vie des habitants. Aujourd’hui, ce sont près de quarante partenaires associatifs, institutionnels, politiques et économiques qui se sont engagés au sein du CLE. « Les partenaires ont vu dans TZCLD l’occasion de dépasser leurs limites et d’élargir leurs pratiques dans le cadre d’un projet commun. » Cet esprit pionnier et participatif a permis de mobiliser les premiers habitants et d’assurer une coconstruction progressive du projet, par et pour le quartier. Des habitants pionniers ont ainsi joué un rôle moteur, contribuant à une dynamique collective forte qui fait la spécificité de Fougères – Le Vau.

Plusieurs facteurs clés expliquent le succès de l’expérimentation TZCLD sur notre territoire. Tout d'abord, le soutien politique fort de la Ville de Paris et de la Mairie du 20e, ainsi qu’un territoire uni autour d’une vision partagée : « Chaque personne veut être facilitatrice dans le projet, nous avons tous envie que cela fonctionne. » Ce dynamisme est renforcé par un CLE inclusif, où chaque acteur trouve sa place dans un esprit de coopération : « Au CLE du 20e, tout le monde s’appelle par son prénom. » Les habitants, engagés et militants, jouent également un rôle central : « Aller vers les personnes via le porte-à-porte et leur donner la parole a redonné une existence sociale aux habitants. » Les moyens financiers et opérationnels, adaptés au projet, ont aussi contribué au succès de l’expérimentation, soutenus par le cadre favorable mis en place par la Ville de Paris : « facilitation, moyens, soutiens. »

La création de La Compagnie du 20e, l’entreprise à but d’emploi (EBE) du quartier Fougères – Le Vau, a généré des effets significatifs, impactant salariés, habitants, partenaires et quartier. Pour les salariés, c’est l’accès à un Contrat à Durée Indéterminée (CDI) à temps choisi, pour des activités co-construites et proches de chez eux. « L’EBE permet de renouer avec des personnes que la souffrance sociale, le ressentiment et les inégalités avaient éloigné de la société. » Ils trouvent ainsi non seulement une autonomie financière, mais aussi un lieu de solidarité : « La Compagnie du 20e m’a permis de retraverser les boulevards, de sortir de mon appartement et de mon quartier – je suis sorti de mon fauteuil, » témoigne un salarié. Pour les habitants, l’EBE a créé des espaces favorisant l’accès aux droits et le lien social, ravivant l’esprit de voisinage : « Ça a tout changé, désormais les gens se saluent dans la rue. » Quant aux partenaires, La Compagnie du 20e est un véritable levier d’innovation : « C’est un acteur économique avec qui nous collaborons pour répondre à des besoins hors des circuits marchands. On réfléchit, on construit et concrétise de beaux projets ensemble. » Enfin, pour le quartier, l’entreprise engendre une dynamique positive : « L’EBE crée de la valeur en développant des activités à la fois sociales et économiques. Cela attire de nouveaux habitants et renforce l’attractivité pour des acteurs économiques en quête de locaux. »

Le projet Territoire Zéro Chômeur de Longue Durée (TZCLD) a généré des effets profonds pour les habitants, les partenaires et l’ensemble du quartier. Il offre aux habitants un espace pour se réinventer : « TZCLD, c’est la création d’un espace de possibles et de nouvelles opportunités », affirme un salarié de La Compagnie du 20e. Ce projet redonne également de la valeur au travail : « Je ne suis pas venu ici seulement pour un salaire, mais pour recréer du lien et prendre la parole ». TZCLD redonne une voix et une voie aux habitants : « La création d’emplois transforme les trajectoires individuelles, permettant aux personnes de passer d’objet anonyme à sujet, puis à acteur de la transformation de leur quartier. » Pour les partenaires, TZCLD catalyse les énergies et réunit les forces autour d’objectifs communs. « TZCLD incarne la politique de la ville : une approche territoriale et partenariale qui génère une dynamique », soulignent-ils. Cette vision partagée suscite une émulation collective qui pousse chacun à innover : « Il y a une forte émulation partenariale dans le quartier, permettant de travailler sur des sujets complexes, comme l’insertion des jeunes par l’emploi. » TZCLD renforce aussi les liens entre habitants et partenaires, revitalisant le quartier en créant de nouvelles activités sociales et économiques. « TZCLD permet le désenclavement d’un territoire, de trajectoires de vie, et des associations et partenaires qui travaillent ensemble. Le quartier redonne envie, il est créateur de vivre-ensemble », confient des participants. Au cœur de Fougères - Le Vau, TZCLD se veut une « utopie réaliste » démontrant qu’un modèle différent est possible « en termes d’emploi, d’activités et de partenariat ». « C’est la preuve concrète de valeurs d’inclusion et des rêves partagés », concluent-ils.

« La réussite de l’expérimentation, évidemment, c’est un rêve absolu, c’est qu’elle sorte des frontières de l’EBE et des territoires pour aller s’essaimer ailleurs. » Pour le 20e arrondissement, la troisième loi pourrait être l'occasion d'accomplir ce rêve en apportant des avancées significatives : • Sécuriser et pérenniser les emplois et activités existants. • Étendre le projet au-delà des frontières du quartier pour rendre le droit à l’emploi accessible à un plus large public. • Impliquer le tissu économique local en incitant les entreprises à contribuer à la création d’emplois supplémentaires, solidaires et utiles. • Diffuser les modèles novateurs développés en EBE vers les entreprises classiques pour promouvoir des pratiques de management inclusives et participatives : « Ces nouvelles façons de travailler, qui replacent l’humain au centre, inspirent un réel changement dans les pratiques managériales. » Néanmoins, pour que le projet réussisse pleinement et dépasse le cadre expérimental, il est essentiel de préserver plusieurs éléments clés : • Maintenir la dimension expérimentale : « Les EBE doivent continuer à agir comme des laboratoires de pratiques inclusives, offrant la possibilité de tester de nouvelles approches et d'apprendre des erreurs. » • Renforcer le lien entre proximité et création d’emplois : « Cela nécessite un ancrage solide dans le territoire et une dynamique locale proactive » afin que les activités répondent aux besoins réels du quartier. • Assurer un pilotage politique local pour favoriser l’essaimage de l’emploi inclusif, en veillant à ce que chaque initiative demeure en phase avec les aspirations des habitants.