Le territoire de Bléré Val de Cher a été habilité le 28/06/2022. Au 1er janvier 2025, le CLE compte une entreprise à but d'emploi sur son territoire, opérant dans la transition écologique, la cohésion sociale ou encore le développement du tissu économique local.
Ce projet montre une nouvelle façon de penser l’emploi, concilie développement économique et social, sans effacer les bénéfices apportés par les acteurs déjà présents (Structures d'Insertion par l'Activité Economique, emploi protégé…). Il vient en complémentarité, pallie les limites des dispositifs existants.
Il a permis d’amener de la créativité dans les partenariats (avec les entreprises…) et d’ancrer des actions sur le territoire (formation, mobilité…).
Au moment de son habilitation, le comité local pour l'emploi estimait que 399 personnes étaient potentiellement concernées par la privation durable d'emploi sur son territoire
42 mois
C'est la durée moyenne de privation d'emploi pour les volontaires de l'expérimentation, à date
64 personnes
Sont sorties de la privation durable d'emploi en intégrant une entreprise à but d'emploi, à date
Les graphiques
Répartition des volontaires par type de privation d'emploi à date
Description
La privation d'emploi est dite durable lorsqu'une personne est depuis plus de 12 mois soit sans activité professionnelle soit en activité professionnelle mais de manière précaire (contrats courts, volumes horaires faibles subis…).
3 types de privation d'emploi sont ainsi reconnus sur la base de l'expérimentation menée par les territoires zéro chômeur de longue durée :
La privation totale d'emploi
La privation partielle d'emploi
La privation régulière d'emploi.
Répartition des volontaires par âge et par genre sur le territoire
Description
Les volontaires sont des personnes qui se sont portées volontaires auprès du comité local pour l'emploi pour obtenir un travail et qui ont été reconnues personnes privées durablement d'emploi.
La privation durable d'emploi peut toucher toute personne, peu importe son genre, son âge, son handicap, son niveau de qualification, son origine…
La privation d'emploi n'est pas seulement due à des caractéristiques individuelles, mais également à la structuration du marché du travail sur son territoire. La privation durable d'emploi désigne la situation d'une personne dans un contexte donné.
Pour des raisons de confidentialité, les données de ce graphique sont agrégées, par groupe de 5 salarié·es.
Répartition des volontaires en fonction de leur parcours, en 2023
Description
Répartition des volontaires de l'expérimentation en fonction de leur parcours au sein et hors de l'expérimentation. Soit ils sont sortis de la privation d'emploi suite à une embauche en entreprise à but d'emploi, soit ils sont sortis de la privation d'emploi via une autre structure, soit ils sont sortis de la liste des volontaires.
Les volontaires sont des personnes qui se sont portées volontaires auprès du comité local pour l'emploi pour obtenir un travail et qui ont été reconnues personnes privées durablement d'emploi.
Effectifs par entreprise à but d'emploi sur le territoire
Description
Répartition des volontaires sortis de la privation d'emploi selon l'entreprise dans laquelle ils ont été embauchés.
Les volontaires sont des personnes qui se sont portées volontaires auprès du comité local pour l'emploi pour obtenir un travail et qui ont été reconnues personnes privées durablement d'emploi.
Le bilan du territoire
Retrouvez ci-dessous le bilan de l'expérimentation raconté par ses membres.
La réussite sociale et collective du territoire grâce à la mobilisation de tous ses acteurs, pour le droit à l’emploi de chacun, et au bénéfice de tous, comme une boucle vertueuse ouvrant vers un autre possible et dont la pérennisation est attendue et essentielle.
Sollicités en 2018 par un citoyen, l’équipe municipale, le député, puis l’ensemble des collectivités locales se sont impliqués dans la construction du projet. Porté par un premier groupe de Personnes Privées Durablement d’Emploi (PPDE) et de partenaires, le dossier est une première fois refusé. Le collectif s’est remobilisé et obtient l’habilitation en juin 2022, avec l’objectif d’apporter une réponse aux 5 % des foyers les plus défavorisés.
Bléré est un territoire semi-rural, ville de 5 500 habitants avec une économie et une vie locale dynamiques. La population ciblée est privée d’emploi en moyenne depuis quatre à cinq ans, parfois plus de dix ans. Une majorité rencontre des problématiques de santé et/ou de handicap. A cela s’ajoutent des difficultés de mobilité, ainsi qu’un niveau de qualification globalement faible (infra-bac). Des difficultés sociales, familiales (isolement, familles monoparentales, aidants familiaux), ou psychiques (santé mentale, addictions…) sont connues. Les Structures d’Insertion par l’Activité Economique (SIAE) et structures d’emploi protégé ou adapté ne sont pas présentes dans la ville (15 km minimum). L’offre de transports en commun est insuffisante malgré la proximité de zones d’activités pourvoyeuses d’emploi. Le recrutement local a su évoluer en faveur des plus éloignés du marché du travail, mais sans toutefois permettre l’accès à l’emploi de personnes en manque d’autonomie, en recherche de temps partiel ou d’un poste adapté. Les acteurs de l’accompagnement socio-professionnel sont présents mais pas tous implantés physiquement à Bléré, ce qui peut ajouter un frein à la mobilisation d’une partie du public. L’offre de formation est peu développée à Bléré. La pluralité des acteurs, leur capacité de coopération et d’interconnaissance, et la forte volonté politique ont été déterminants dans la conduite du projet. La mobilisation des volontaires et bénévoles a aussi été forte, et s’est maintenue même après le premier refus d’habilitation du territoire.
L'État et le Département maintiennent leur engagement dans la durée. L’implication des élus est importante. Les instances créées (Comité Local pour l’Emploi (CLE) / Conseil d’Administration de l’Entreprise à But d’Emploi (EBE)) ont su se renouveler lorsque nécessaire. Elles entretiennent un débat constructif, autour par exemple des problématiques d’accompagnement des PPDE et des salariés (prise en charge des problématiques de santé, accompagnement social, mobilisation, développement de l’entreprise…). Tous les acteurs de l’emploi s’impliquent de façon durable dans le CLE. L’animation du CLE, portée par la mairie, permet un ancrage local fort, et une mise en confiance des PPDE et des partenaires. Pour les PPDE, l’accès au CLE est simple et en proximité. Leur accompagnement s’est structuré en coordination avec les partenaires (services sociaux, Services Publics pour l'Emploi (SPE), formation). La gouvernance de l’EBE associe des acteurs peu habitués à travailler ensemble, amenant à une meilleure compréhension des contraintes des uns et des autres. Un effort important est fait pour accompagner vers des parcours de soin souvent longs, et la remise en confiance des salariés. La mise en place d’un G6 a permis la coordination de proximité entre les opérationnels de la mairie, du CLE et de l’EBE. L’EBE, reconnue comme une entreprise à part entière, a su tisser des liens de proximité avec des structures influentes. Cela renforce sa crédibilité et sécurise son développement. Elle a aussi su se rendre indispensable auprès de la population, notamment les personnes âgées, par son professionnalisme.
63 emplois ont été créés en deux ans. La trajectoire suivie est d’environ 20 embauches par an. Ces emplois ont permis la sortie de la précarité de nombreux foyers (pouvoir d’achat, santé, logement, mobilité). Les salariés expriment une sortie de leur isolement, un regain de confiance en eux, d’épanouissement et un sentiment d’utilité dans la société. L’entreprise a trouvé sa place dans l’écosystème local, et a su s’imposer comme un acteur essentiel du lien social (services nouveaux auprès des personnes âgées notamment) et du développement économique (l’EBE est une des réponses aux manques de compétences disponibles, elle accompagne des entreprises dans leur démarche RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises)). Elle a également pallié le manque de structures spécifiques (SIAE, Etablissements ou Services d’Aide par le Travail (ESAT), Entreprises Adaptées (EA)). L’EBE participe aussi à la dynamisation du territoire sur le plan environnemental, par ses activités de réemploi et valorisation, favorisant les changements de pratiques des habitants et des entreprises. L’impact sur la baisse du nombre d’allocataires du Revenu de Solidarité Active (RSA) a été démontré. Le temps choisi a été déterminant dans l’accès à l’emploi de personnes en situation de handicap, fortement représentées sur le territoire, et permet de mettre en lumière une autre vision de l’organisation du travail. Enfin, sa présence sur le territoire rassure les personnes privées d’emploi, et participe à leur remobilisation. Elle favorise la montée en compétences de ses salariés, à travers la diversité des activités proposées et la formation continue.
L'objectif d’un accès à l'emploi durable et local est atteint et unanimement reconnu par les partenaires. Le regard de l’entourage et de la population sur les ex-PPDE change. Le Contrat à Durée Indéterminée (CDI) donne de l’autonomie et la possibilité de mener des projets. La trajectoire de création d’emplois supplémentaires est maintenue, et permettra à terme une réponse pour 6% des foyers de la ville parmi les plus précaires. Malgré un parcours souvent rude qui les a fragilisés, les salariés sont en meilleure santé physique et psychique. L’emploi est possible malgré ces fragilités, à condition de garder une vigilance sur les conditions de cette reprise, et sur la continuité d’accompagnement social ou médical lorsque nécessaire. Les problématiques d’addiction restent difficiles à accompagner et à concilier avec une reprise d’emploi. Le développement de l’EBE est freiné par le manque de locaux adaptés et accessibles, les capacités d’investissement étant limitées. La diversification des activités, dans le respect du principe de supplémentarité, reste complexe, et nécessite pédagogie et créativité. Ce projet montre une nouvelle façon de penser l’emploi, concilie développement économique et social, sans effacer les bénéfices apportés par les acteurs déjà présents (SIAE, emploi protégé…). Il vient en complémentarité, pallie les limites des dispositifs existants. Il a permis d’amener de la créativité dans les partenariats (avec les entreprises…) et d’ancrer des actions sur le territoire (formation, mobilité…). Le CLE permet un lien de proximité avec la population et favorise la mobilisation des PPDE et la diversification des profils rencontrés. La présence de l’EBE rassure les PPDE dans leurs parcours, sans inhiber leur recherche d’emploi vers les entreprises locales. Les sorties en emploi après EBE sont encore rares, et devront être accompagnées. Les ressources internes pour structurer l’entreprise et accompagner les salariés encore fragiles coûtent cher mais sont nécessaires. L’image du territoire est valorisée. Il se transforme, crée des solidarités nouvelles pour sa population, et peut accompagner le développement économique de ses entreprises, grâce au travail de ceux qui en étaient éloignés.
Nous attendons de cette loi qu’elle permette :
- de poursuivre l’action menée : sécuriser les emplois créés et poursuivre les embauches nécessaires.
- de la développer à l’échelle communautaire (embauche des PPDE et activités de l’EBE).
- à tout territoire souhaitant s’investir pour le plein emploi de pouvoir le faire !
La création des emplois supplémentaires doit être permise autant que de besoin, dans des conditions dignes, pour améliorer durablement les conditions de vie des salariés : logement, mobilité, santé, relations sociales. Pour leur pérennité, les EBE devront pouvoir renforcer leur capacité d’investissement (foncier, matériel, Ressources Humaines (RH)).
La loi devra préciser le statut des EBE :
- Des contraintes (non-concurrence, encadrants hors PPDE non conventionnés, crédit d’impôt refusé pour les services aux particuliers…) allégées pour investir dans les moyens humains et matériels indispensables.
- Une prise en charge de l’accompagnement socio professionnel, dont on a pu montrer qu’il est nécessaire au cours de l’emploi, comme en SIAE par exemple.
Pour une solution adaptée à chacun, il est utile d’avoir un éventail de solutions complémentaires dans un périmètre raisonnable. Notre expérience a montré des manques d’emplois adaptés en proximité. Or, il n’est pas souhaitable que les EBE soient les uniques réponses, mais plutôt qu’elles s’inscrivent dans un écosystème d’emplois (SIAE/ emploi protégé/ adapté/ EBE/ marché de l’emploi), coordonnés par un CLE.
Cette loi sera la garantie de pouvoir apporter les services utiles là où ils sont nécessaires. Elle permettra de sécuriser les entreprises voisines sur la capacité des EBE à être une ressource pour leur développement. Le principe de non-concurrence devrait être simplifié.
Nous poursuivrons :
- le développement des services aux habitants, favorisant le maintien à domicile des plus âgés, réduisant la précarité sociale et financière des plus pauvres.
- nos services aux entreprises et collectivités, pour soutenir le développement économique, social, environnemental sur nos territoires.
Cette loi favorisera l’émergence de plus de territoires solidaires. C'est un outil pour faire société, tous ensemble, sans laissés pour compte.
Localisation
Bléré Val de Cher est un territoire de type rural qui s'étend sur 31 km². En 2019, sa population était estimée à 5 100 habitants.
Source : Dares, Portrait des territoires de l'expérimentation "Territoires Zéro Chômeur de longue durée". 10 Octobre 2024