Lodève - Territoire

TZCLD à Lodève, c'est l’histoire d’un collectif de citoyens, s’associant avec des porteurs d’activités existantes et qui grâce au soutien des collectivités et à la force de son projet, arrive en un temps record à créer la plus grosse EBE de France, inscrit dans une démarche de transition écologique et sociale locale.

A Lodève, une initiative citoyenne (comprenant des Personnes Privées Durablement d’Emploi (PPDE)) a été à l'origine de TZCLD, rejoignant des organisations de l'Économie Sociale et Solidaire (ESS) qui y ont vu un levier pour développer leurs coopérations, consolider leurs modèles économiques respectifs et démultiplier leur impact sociétal et écologique pour la ville. Les élus de Lodève y ont vu un important levier à la réalisation de leur projet de territoire.

Lodève est une ville de taille moyenne (7 600 habitants), située au cœur du Lodévois-Larzac, territoire à dominante rurale et à forte identité agricole. Avec un cœur de ville classé “Quartier Prioritaire de la Ville” (QPV) (commerces vacants, logements indignes, indicateurs de précarité fortement dégradés, taux de chômage de longue durée très élevé), Lodève est une ville pauvre au cœur d'un territoire en déclin depuis la crise des années 1990 et 2000, d’un système productif fondé sur la mono-industrie. Lodève et son territoire demeurent notamment à la marge du dynamisme de la métropole montpelliéraine, dont ils subissent le desserrement en voyant se concentrer des populations fortement précaires, exclues de la Métropole, dans un centre bourg déserté par les classes moyennes supérieures et une vie économique locale fortement affaiblie. Dans ce contexte, le marché de l’emploi local est très limité. Une part importante du tissu économique est constitué de petits commerçants et artisans, et d’entrepreneurs individuels avec une faible activité.

L’Entreprise à But d’Emploi (EBE) L’Abeille Verte, qui, deux années et demie après sa création, est devenue l’EBE comptant le plus grand nombre de salariés. Ce développement rapide a été permis par le fait qu'elle a pris appui sur des structures de l'Économie Sociale et Solidaire (ESS) locales et des porteurs de projets spécialisés dans les secteurs d’activités de l'EBE (réemploi-recyclage, les services solidaires et écologiques aux habitants, production alimentaire locale et bio). L’enjeu a été d’inscrire ces compétences métiers préexistantes dans un projet d’entreprise commun, porteur de sens pour l’ensemble des salariés, et décliné dans une organisation permettant aux pôles d’activités principales de s’appuyer sur des fonctions supports solides, intégrant notamment un pôle Ressources Humaines (RH) à vocation sociale à même de répondre aux besoins d’accompagnement socioprofessionnel en interne. TZCLD Lodève s’appuie également sur une dynamique partenariale entretenue, au niveau politique comme au niveau technique. L’important consensus des partenaires - Etat, Conseil Départemental (CD), collectivités, service public de l’emploi, Structures d’Insertion par l’Activité Economique (SIAE) locales - concernant les finalités du projet, se traduit dans la pratique par une collaboration régulière et approfondie sur l’ensemble des sujets (EBE et file de mobilisation). La mise en place du Comité Local pour l’Emploi (CLE) s’appuie sur une culture de coopération bien installée sur le territoire en matière d’emploi-insertion. L’espace de dialogue ouvert par TZCLD peut renforcer l'adéquation entre les politiques du Service Public de l’Emploi et celles du territoire.

A Lodève, le projet a d’emblée associé l’objectif d’accès à l’emploi stable à un objectif d’impact à la fois économique, sociétal et écologique des activités de l’EBE. La création d'emplois a un impact déjà visible sur la vie économique et sociale du territoire, avec des effets déjà mesurables sur l’accès à la formation, à la santé (mutuelle) et au logement. L’impact des activités de l'EBE porte sur l'accès à une production alimentaire locale et saine pour les cuisines centrales, la réduction des déchets du territoire par réemploi, recyclage ou valorisation en compostage, le développement d’une offre de service de proximité à tarification sociale sur la mobilité, l’aide numérique, les petits services du quotidien... Le développement du service aux entreprises doit avoir un impact sur le maintien du tissu économique local.

Deux axes de travail apparaissent aujourd’hui prioritaires. Le premier est celui de la consolidation du modèle économique de l’EBE. Si les résultats économiques sont encourageants après deux exercices complets, des activités dont il était attendu des recettes importantes et pérennes, comme le démantèlement d’huisseries, peinent à démarrer du fait de facteurs externes liés au retard de mise en œuvre de réglementations nationales. L’intégration des activités de l’EBE à des orientations fortes du projet de territoire porté par les collectivités, notamment concernant les services écologiques et solidaires aux habitants, est aujourd’hui bien avancée mais elle reste à pérenniser. Enfin, le développement des activités de service aux entreprises du territoire est le levier à actionner de manière prioritaire par l’EBE, avec le soutien du CLE et de ses équipes. Le second axe de travail est celui de la diversification des solutions professionnelles à proposer aux PPDE en file de mobilisation. La relation construite entre l’équipe projet TZCLD Lodève et les employeurs locaux est à renforcer, mais les échanges portent déjà de premiers fruits avec des recrutements de PPDE par des entreprises locales grâce au relais de l’équipe projet. Cependant, un nombre important de personnes de la file de mobilisation semblent fortement freinées dans leur capacité à se projeter vers l’emploi, par des freins d’ordre médico-social. Une réflexion est initiée par la Commission parcours du CLE concernant les solutions d’emploi adaptées pouvant être proposées.

Nous attendons de la troisième loi trois points majeurs : • la capacité à considérer toutes les personnes privées durablement d’emploi dans toutes leurs composantes (quelle que soit leur situation administrative, leur parcours précédent ou leur âge) ; • le maintien d’une gouvernance de territoire de proximité ; • un financement qui reste très proche de celui mis en place aujourd’hui pour ne pas déséquilibrer les modèles économiques en construction.