Rennes Le Blosne - Territoire

L’expérimentation à Rennes-Le Blosne, ce sont des volontaires et acteurs engagés dans des solidarités et coopérations innovantes. Ce collectif dynamique ouvre la voie à des solutions concrètes d’emplois, offrant l’espoir et la joie d’obtenir un travail.

En 2017, le réseau d’innovation sociale SolidaRen lance l'idée de rejoindre la démarche TZCLD. En 2018, les élu.e.s rennais.e.s approuvent par délibération l'engagement de la Ville à candidater à l’expérimentation au profit d'un de ses quartiers prioritaires politique de la Ville. Dès 2019, le Centre Communal d’Action Sociale (CCAS) mobilise des habitants Privés Durablement d’Emploi (PDE) et des partenaires sur Le Blosne (quartier de Rennes). Le Comité Local pour l’Emploi (CLE) Rennes-le Blosne est créé.

Rennes présente une dynamique d'emploi favorable avec un taux de chômage de 5,7 % en 2022. Cependant, le quartier prioritaire du Blosne, affiche un taux de chômage alarmant de 22,8 % pour les 15-64 ans (INSEE, 2020). 68,2 % des volontaires TZCLD sont des femmes, 39 % sont sans diplôme, et environ 25 % bénéficient de la Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé (RQTH), révélant des discriminations persistantes sur le marché du travail. Rennes porte une tradition d'innovation sociale. Les élu.e.s sont engagé.e.s dans l'expérimentation depuis 2018. Celle-ci est inscrite au projet de mandat municipal et dans le Pacte rennais d’insertion 2023-2028. Cette volonté politique vise à réduire les inégalités et s’accompagne d’un renouvellement urbain des quartiers prioritaires. Le tissu associatif du Blosne est particulièrement actif, montrant un engagement fort des habitant.e.s. De nombreuses initiatives partenariales des acteurs de l'emploi illustrent l'engagement du territoire pour un emploi solidaire. Cependant, le renouvellement urbain au Blosne ne laisse que peu de locaux pour deux EBE, censées recruter 246 salariés d'ici mi-2027. Le dynamisme économique de la métropole limite également le développement d'activités marchandes non concurrentielles. Des espaces adaptés pour les EBE, tant pour les embauches que pour le développement économique, sont essentiels. Enfin, le manque de moyens humains pour accompagner les volontaires selon leurs besoins reste un enjeu crucial, dans le droit commun comme dans l’équipe expérimentale.

Le territoire TZCLD Rennes-Le Blosne repose sur un collectif au sein de son Comité local pour l’emploi (CLE), regroupant des personnes privées d’emploi, des citoyens et divers partenaires : associations, entreprises, structures publiques et organismes de formation. Sous la présidence de la ville de Rennes, tous sont engagés pour faire de l’emploi digne un droit pour tous. Le CLE se structure autour de plusieurs instances : La plénière, organe stratégique qui se réunit cinq fois par an, regroupe six collèges ayant chacun un rôle clé dans le parcours vers l’emploi et définissant les priorités annuelles : Aller vers, Péri-emploi, Accompagnement, Développement économique, Employeurs et Financeurs. La commission Droit à l’Emploi facilite les parcours d’emploi des volontaires, tandis que la commission Supplémentarité valide la supplémentarité des emplois créés par de nouvelles activités et repère les opportunités pour les volontaires. La coordination du projet est pilotée par le CCAS de Rennes et s’appuie sur Blosne Emploi Solidarité Travail (BEST) pour repérer et mobiliser les personnes privées d’emploi. BEST organise des cafés-rencontres et des ateliers d’aide au retour à l’emploi, favorisant le développement des compétences. Blosn’up (Entreprise à But d’Emploi (EBE) du territoire) embauche à horaires choisis, facilitant ainsi le retour à l’emploi. Toutefois, la nécessité de divers sites d’activités complique le management et la création d’espaces de dialogue.

La création de Blosn’up a généré des emplois locaux pour des personnes peu mobiles, malgré un bon réseau de transport. Les horaires choisis favorisent particulièrement l’emploi des femmes, leur permettant de concilier travail et vie familiale. L’EBE permet également à ceux, qui ne peuvent plus suivre les rythmes du milieu ordinaire, de retrouver un emploi adapté, tout en tirant parti de leurs compétences. Des salarié.e.s, non orienté.e.s vers le milieu protégé, s’épanouissent au sein de Blosn’up grâce à un management inclusif. Les activités de l’entreprise, comme la laverie, le café, la conciergerie et la retouche, restaurent des services disparus et revitalisent le quartier. L’occupation des rez-de-chaussée d'immeubles a transformé l’usage de l’espace, favorisant sa réappropriation par les habitants. Blosn’up renforce aussi les partenariats locaux, réunissant bailleurs sociaux, entreprises et fondations au sein de son conseil d’administration. Avec Tribord, elle a répondu à un appel d’offres sur la gestion des déchets, et un parcours d’insertion sans couture se développe avec le chantier Prélude. Cependant, malgré ces initiatives répondant bien aux besoins des habitants et partenaires du territoire, les activités de Blosn’up ne sont pas encore suffisamment rémunératrices, limitant sa capacité à assumer un loyer de marché et à constituer une trésorerie stable pour un développement serein. Le territoire s’en voit freiné pour la création de sa seconde EBE.

L’expérimentation a su mobiliser les élus, les habitants privés durablement d’emploi, les Services Publics de l’Emploi (SPE), les Structures d’Insertion par l'Activité Economique (SIAE) et les associations du territoire autour de grandes ambitions. Le collectif créé continue d’ajuster les moyens nécessaires et essaie de développer d’autres sorties de la privation d’emploi que l’EBE. TZCLD, c’est avant tout un parcours simplifié vers l’emploi grâce à la coopération territoriale des acteurs. Des manques dans l’évaluation initiale et la planification en période de COVID: : dispositifs existants, capacité des acteurs à répondre aux besoins des PPDE, disponibilité de locaux, opportunités économiques, besoins logistiques, financiers et RH pour répondre à la demande, n’ont pas facilité le déploiement. Un périmètre restreint, malgré une forte identité et des structures publiques de l’emploi ayant un périmètre d’intervention bien plus large. Pourtant, sur décision du CLE et grâce à l’investissement de plusieurs associations dès la genèse et la mobilisation citoyenne, une association a vu le jour et met en œuvre aujourd’hui l’expérimentation sur le quartier et a déjà mobilisé 118 volontaires. Plusieurs événements sont devenus des rendez-vous réguliers des volontaires. Les cafés chouquettes du lundi matin réunissent chaque semaine 25 personnes en moyenne. Les cycles d’atelier d’aide au retour à l’emploi enregistrent un taux de présence avoisinant les 100 %. Blosn’up, quant à elle, a déjà recruté 44 personnes. La commission droit à l’emploi se réunit chaque mois et passe en revue l’ensemble des parcours des volontaires, identifiant des solutions qui sont ensuite mises en place par les référents principaux au sein de ces structures. Le temps d’attente pour entrer en EBE est d’environ un an et demi, pourtant le temps moyen de sortie de la privation d’emploi sur le territoire est de neuf mois grâce, entre autres, à la mobilisation des acteurs qui n’hésitent pas à venir se présenter en café-chouquettes. C’est l’occasion d’humaniser les structures, de communiquer sur l’existant. TZCLD permet aussi l’ouverture du champ des possibles, favorise la rencontre entre habitants, la création de groupes d’entraide informels et donc une sortie de l’isolement.

La coopération territoriale des acteurs de l’emploi, matérialisée par le CLE et ses instances, dont la commission Droit à l’emploi, est essentielle à préserver pour faciliter les parcours et tendre vers le "sans couture". De cette troisième loi, nous attendons qu’elle permette l’animation de ce réseau dynamique et efficace. Nous espérons une ouverture des territoires, dont les périmètres seraient délimités par la couverture des agences territoriales publiques de l’emploi, et pouvoir déployer le modèle tout en l’adaptant à chaque quartier, sur l’ensemble du territoire de Rennes. Sur le territoire, nous attendons aussi de pérenniser les actions mises en œuvre par BEST, qui complètent le travail des acteurs de l’emploi du territoire. Il est nécessaire que des moyens inhérents au maintien des équipes opérationnelles soient inclus.  Cette valorisation permettra d’accentuer l’aller-vers et le travail collaboratif d’accompagnement socio-professionnel en renforçant le droit commun et en permettant un accompagnement global personnalisé des personnes privées durablement d’emploi. Enfin, il nous paraît évident que cette troisième loi permette la pérennisation des EBE dans l’environnement des solutions d’emploi. Il n’est aujourd’hui plus à prouver que cet outil est essentiel pour compléter l’offre existante, même sur un territoire dynamique. Leur financement reste à revoir toutefois, car plus le territoire est économiquement dynamique, plus il est difficile de ne pas rentrer dans le champ concurrentiel pour générer des bénéfices suffisants à couvrir les besoins de l’entreprise. La pérennisation économique et financière des EBE est essentielle aussi pour assurer la continuité de ses services aux habitants et aux acteurs du quartier, relancés grâce à elles. En conclusion, cette troisième loi devra prendre en compte les spécificités territoriales et assurer les moyens nécessaires à en couvrir les besoins réels.