Le territoire de Bourges Côté Gibjoncs a été habilité le 24/04/2024. Au 1er janvier 2025, le CLE compte une entreprise à but d'emploi sur son territoire, opérant dans la transition écologique, la cohésion sociale ou encore le développement du tissu économique local.
Voir des personnes éloignées de l’emploi signer un Contrat à Durée Indéterminée (CDI) et retrouver une fierté personnelle est une victoire en soi. Des personnes éloignées de l’emploi, qui n’avaient même pas envisagé de retravailler, ont peu à peu concrétisé ce projet, avec un réel impact dans leur vie personnelle et sociale : estime de soi, modification du regard de leur entourage…
Au moment de son habilitation, le comité local pour l'emploi estimait que 600 personnes étaient potentiellement concernées par la privation durable d'emploi sur son territoire
114 mois
C'est la durée moyenne de privation d'emploi pour les volontaires de l'expérimentation, à date
15 personnes
Sont sorties de la privation durable d'emploi en intégrant une entreprise à but d'emploi, à date
Les graphiques
Répartition des volontaires par type de privation d'emploi à date
Description
La privation d'emploi est dite durable lorsqu'une personne est depuis plus de 12 mois soit sans activité professionnelle soit en activité professionnelle mais de manière précaire (contrats courts, volumes horaires faibles subis…).
3 types de privation d'emploi sont ainsi reconnus sur la base de l'expérimentation menée par les territoires zéro chômeur de longue durée :
La privation totale d'emploi
La privation partielle d'emploi
La privation régulière d'emploi.
Répartition des volontaires par âge et par genre sur le territoire
Description
Les volontaires sont des personnes qui se sont portées volontaires auprès du comité local pour l'emploi pour obtenir un travail et qui ont été reconnues personnes privées durablement d'emploi.
La privation durable d'emploi peut toucher toute personne, peu importe son genre, son âge, son handicap, son niveau de qualification, son origine…
La privation d'emploi n'est pas seulement due à des caractéristiques individuelles, mais également à la structuration du marché du travail sur son territoire. La privation durable d'emploi désigne la situation d'une personne dans un contexte donné.
Pour des raisons de confidentialité, les données de ce graphique sont agrégées, par groupe de 5 salarié·es.
Répartition des volontaires en fonction de leur parcours, en 2023
Description
Répartition des volontaires de l'expérimentation en fonction de leur parcours au sein et hors de l'expérimentation. Soit ils sont sortis de la privation d'emploi suite à une embauche en entreprise à but d'emploi, soit ils sont sortis de la privation d'emploi via une autre structure, soit ils sont sortis de la liste des volontaires.
Les volontaires sont des personnes qui se sont portées volontaires auprès du comité local pour l'emploi pour obtenir un travail et qui ont été reconnues personnes privées durablement d'emploi.
Effectifs par entreprise à but d'emploi sur le territoire
Description
Répartition des volontaires sortis de la privation d'emploi selon l'entreprise dans laquelle ils ont été embauchés.
Les volontaires sont des personnes qui se sont portées volontaires auprès du comité local pour l'emploi pour obtenir un travail et qui ont été reconnues personnes privées durablement d'emploi.
Retrouvez ci-dessous le bilan de l'expérimentation raconté par ses membres.
L'expérimentation, c’est le maillage :
- d’engagements politiques, d’habitants, d’acteurs de la solidarité et de l’emploi, de citoyens, et de professionnels,
- d’un consensus partenarial,
mêlé d’une fierté collective de porter un projet solidaire et audacieux avec et au service des habitants.
Lancé en 2020 par un groupe de citoyens, dont l'actuelle présidente de l'agglomération de Bourges, le projet partait du constat suivant : Pour réussir la transformation durable d’un territoire, le renouvellement urbain est insuffisant. Il doit s’accompagner d’une transformation des conditions sociales des habitants et notamment questionner le lien au travail des plus vulnérables.
Le territoire inclut, en partie, un quartier relevant du Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain (NPNRU). Il abrite une population confrontée à de multiples difficultés sociales. Parmi les 2 304 actifs recensés, 58 % sont soit inscrits à France Travail, bénéficiaires du Revenu de Solidarité Active (RSA) non-inscrits à France Travail, ou « non repérés»*. Parmi les volontaires à l’expérimentation, on trouve des aidants familiaux, des personnes en situation de handicap ou ayant une santé fragile, globalement un public très éloigné de l'emploi dont la durée moyenne de privation d'emploi est de 11 ans et ayant entre 45 et 63 ans. Le territoire compte deux Structures d'Insertion par l'Activité Economique (SIAE), ainsi que de nombreuses associations œuvrant contre la précarité ou dans l'économie sociale et solidaire. On y trouve également une forte densité d'établissements scolaires, allant de la maternelle à des formations de niveau bac +5, ainsi qu'un Centre de Ressources, d'Expertise et de Performance Sportive (CREPS). Une partie du territoire est occupée par une zone commerciale et artisanale, comprenant un supermarché qui est le centre névralgique du quartier, un centre commercial avec une zone commerciale de 6000m2 et un marais d’une superficie de 135ha. De nombreux auto-entrepreneurs sont également présents sur ce territoire.
*Données au 30/04/2023.
Une des richesses du territoire habilité réside dans l’engagement des habitants. Ils ont facilité les premiers contacts lors des démarches « d’aller-vers », ont élaboré le business plan avec le soutien méthodologique d’une association spécialisée dans la création d’entreprises, la boutique de gestion (BGE). Un questionnaire diffusé en porte-à-porte par les habitants a permis de valider les activités retenues. Lors de la visite d’instruction de la candidature, ils ont présenté leur dossier de candidature, témoignant ainsi de leur engagement. La force du territoire repose également sur la densité des acteurs présents. L’équipe projet s’appuie sur les professionnels de l’insertion pour accompagner les personnes en recherche d’emploi. La commission « parcours », qui regroupe des professionnels de France Travail, du conseil départemental (assistants sociaux et référents emploi), des SIAE, ainsi que d’autres dispositifs, offre une vision globale des possibilités d’emploi et oriente lorsque c’est nécessaire les candidats vers l’Entreprise à But d’Emploi (EBE). L’originalité du montage juridique de l’EBE témoigne du consensus partenarial. Constituée en association, elle a été fondée par trois entités : les deux SIAE du territoire et l’association soutien. Le Comité Local pour l’Emploi a fait le choix d’une composition ramassée d’une vingtaine de membres, assurant ainsi une coordination efficace. La présence des chambres consulaires garantit la non concurrence et une réactivité de l’EBE.
L’Entreprise à But d’Emploi BEST (Bosser ensemble sur le territoire) a démarré ses activités le 1er août 2024, en embauchant 12 personnes en Contrat à Durée Indéterminée (CDI) pour neuf équivalents temps plein. L’EBE propose une offre d’emploi complémentaire aux dispositifs existants. Pour certaines personnes, aucune solution n’ayant été trouvée malgré des accompagnements renforcés ou des formations. La force de l’EBE est de proposer une solution sur mesure, favorisant le retour à l’emploi grâce à la flexibilité du temps de travail et à l’adaptation des postes aux besoins de chaque salarié. Bien qu'il soit encore trop tôt pour dresser un bilan et mesurer l'impact sur le territoire, l'EBE s'est déjà positionnée comme un acteur complémentaire de l'emploi local et des parcours d'insertion. A travers la commission « parcours », des conseillers de France Travail du Conseil Départemental et de quatre SIAE ont orienté des personnes vers l'EBE. Au niveau des travaux utiles, l'atelier vélo illustre la notion de supplémentarité. L’association Emmaüs, qui dispose d'un stock de plus de 4 000 vélos, manquait de main d'œuvre et de compétences pour les trier et les remettre en état. L'EBE se charge du démantèlement, de la restauration ou de la réparation des vélos. Emmaüs rémunère BEST par un forfait et les vend dans ses dépôts-ventes. À l’image de ce partenariat, de nouvelles initiatives sont en cours, comme la restauration de meubles issus de la recyclerie de la régie.
La mise en œuvre du projet s'est révélée être un défi, long et complexe. Il a fallu quatre ans et demi pour les initiateurs. La phase d’émergence et d’ingénierie du projet s'avère très onéreuse, nécessitant l'engagement de l’agglomération Bourges Plus et la mobilisation de ressources financières conséquentes. Ce projet a mis en lumière que malgré les efforts et les compétences de chacun, certaines personnes restent sans solution d’emploi. Travailler ensemble est donc apparu comme une clé de réussite collective car TZCLD est avant tout un projet de territoire.
Les réussites du projet sont notables :
- Voir des personnes éloignées de l’emploi signer un CDI et retrouver une fierté personnelle est une victoire en soi. Des personnes éloignées de l’emploi, qui n’avaient même pas envisagé de retravailler, ont peu à peu concrétisé ce projet, avec un réel impact dans leur vie personnelle et sociale : estime de soi, modification du regard de leur entourage…
- Le projet a également permis de renforcer les relations humaines, de faire travailler ensemble des acteurs qui travaillaient beaucoup en silo. Ce travail a permis de trouver des solutions pour certaines personnes avant même l’ entrée dans l’expérimentation.
- Le portage politique pluriel de ce projet dans une approche très pragmatique est une autre grande réussite.
Evolution du projet :
Les perspectives des aides de l'État sont plutôt en déclin, nécessitant l'augmentation du Chiffre d’Affaires (CA) annuel par Equivalent Temps Plein (ETP). De ce décalage, les ambitions initiales sont à réétudier :
• Des travaux utiles imaginés au démarrage du projet ne généreront pas le CA à la survie de l’EBE (exemple : les travaux de conciergerie) et demanderont des aides des bailleurs sociaux complexes à obtenir et temporaires.
• Des travaux utiles avaient été imaginés sans prendre suffisamment en compte les difficultés des salariés, exemple : travaux dans les marais.
En conclusion, le projet a insufflé un nouvel espoir sur le territoire : il montre que des personnes que l’on n’aurait pas imaginées capables de reprendre un travail peuvent le faire, que des structures peuvent réussir ensemble, et qu’il est possible, collectivement, de réaliser un projet complexe.
Quelques idées :
- La pérennisation de la Contribution au Développement de l’Emploi (CDE) pour l’EBE à un taux permettant une viabilité du modèle économique.
- La pérennité des financements des SIAE permettant un accompagnement de tous vers un emploi.