Centre Ouest Bretagne - Territoire

L'expérimentation sur le territoire de Centre Ouest Bretagne permet la mise en œuvre du droit à l’emploi sur un territoire hyper/supra-rural, ce qui favorise pour les personnes privées durablement d'emploi, l'accès à une autonomie sociale et financière pérenne dans le tissu économique local.

La démarche TZCLD en Centre Ouest Bretagne (COB) procède de la mobilisation d'acteurs du Conseil de développement du territoire dès 2015, afin de permettre l'accès à l'emploi de personnes non mobiles, peu ou pas qualifiées, ou rencontrant des problèmes de santé. En Centre Ouest Bretagne, les emplois de premier niveau, essentiellement industriels, sont inadaptés pour ces personnes.

Le territoire habilité s’étend sur huit communes hyper-rurales, dont quatre se trouvent dans le département des Côtes d’Armor (22) et quatre dans le Morbihan (56). Ce territoire s’étend sur 40 km du nord au sud. Si le taux de chômage du COB a longtemps été l'un des plus faibles en Bretagne, notamment du fait de la résistance des industries agroalimentaires face à la crise, ce n'est plus vrai depuis 2012, le taux de chômage étant désormais supérieur à la moyenne nationale. La baisse du chômage de longue durée depuis la crise du Covid est compensée par une augmentation des bénéficiaires du Revenu de Solidarité Active (RSA). Les pratiques « d’aller vers » qui fonctionnaient jusqu’à présent montrent désormais leurs limites. De même, la liste des personnes volontaires connaît un rajeunissement, l’âge moyen étant passé de 52 à 46 ans. Le taux de femmes sur la liste de mobilisation est très important : environ 70 % de femmes à TZCLD COB contre 55 % en moyenne pour les autres territoires. De plus, TZCLD COB embauche 30 % de personnes en situation de handicap, tandis que les autres territoires en comptent en moyenne 18 %. Enfin, 94 % des personnes volontaires sont en privation durable d’emploi totale contre 76 % en moyenne pour les autres territoires. A cette typologie du public s'ajoutent les difficultés propres au territoire ultra/hyper rural du COB : problèmes de mobilité, d’accès au logement, fracture numérique et aujourd’hui les troubles de santé mentale. Il est difficile de trouver des activités adaptées aux personnes.

L'expérimentation doit sa réussite au partenariat entre les acteurs de l'insertion du territoire, qui a permis un diagnostic affiné, et au portage politique de l'expérimentation, incarné par le comité local. A noter également la persévérance des acteurs, fortement impliqués depuis 2015, à œuvrer à la recherche de solutions pour des personnes jusqu'alors sans solution, ainsi que la confiance instaurée par l'équipe projet avec les personnes privées durablement d’emploi (PPDE), vers qui les institutions ne savent plus aller, qui permet de rendre visibles des personnes auparavant « invisibles ». Depuis 2022, faisant suite à l’habilitation, l’équipe-projet a identifié 47 nouvelles personnes, et les a suivies dans leur mobilisation vers l’emploi en les rencontrant régulièrement en entretiens individuels, en développant les partenariats déjà existants, en communiquant avec les référents/conseillers du service public de l'emploi, des Départements et des partenaires associatifs, en animant des réunions d’informations collectives, et en participant à la création de lien social via des animations et des ateliers. Les parcours de transition vers l’emploi (six journées), proposés aux PPDE volontaires dont l'entrée en Entreprise à But d’Emploi (EBE) est validée par le Comité Local pour l’Emploi (CLE), permettent aux futurs salariés de préparer leur intégration au sein d’EBECOB (EBE du territoire de Centre Ouest Bretagne), par la mise en valeur de leur compétences, la connaissance de leurs futurs collègues, la sensibilisation aux codes de l’entreprise, au handicap et aux addictions plurielles et la levée des freins à l’emploi.

L'Entreprise à But d’Emploi (EBE) a permis de créer 40 emplois en Contrat à Durée Indéterminée (CDI). Cela signifie que ces 40 personnes – auxquelles s'ajoutent celles qui ont quitté l'EBE pour un autre emploi – ont trouvé une stabilité professionnelle et sociale. Certaines ont pu s'acheter une voiture, voire une maison.  L'EBE a également permis une proposition de services qui n'existaient pas auparavant sur le territoire, comme, par exemple, l'activité de blanchisserie proposée aux gîtes touristiques. Elle participe au développement de la dynamique économique du territoire. Enfin, l'EBE change le regard des habitants sur les chômeurs. Les gens se rendent compte que la privation d'emploi n'est pas due à un manque de volonté de travailler mais à une impossibilité de trouver des emplois adaptés aux compétences et aux contraintes en termes de qualification, de mobilité et de santé.

Le bilan est aujourd'hui positif en matière d'insertion pour la population. L'instabilité au sein de l'équipe encadrante d’EBECOB en 2022 et 2023 n'a pas favorisé la fluidité des parcours des personnes orientées ni des relations partenariales. La stabilité retrouvée depuis quelques mois porte ses fruits et permet une meilleure lisibilité. Les activités d’EBECOB sont mieux repérées.

Nous attendons de la troisième loi un financement pour les équipes projet, notamment celles qui se trouvent dans des territoires hyper-ruraux, sans prise en charge des postes par les collectivités territoriales, ainsi que l'intégration des équipes projet au sein des EBE, afin de favoriser la fluidité des parcours des PPDE et la compréhension du projet par les acteurs du territoire. Nous attendons également la poursuite des dotations de l'État pour le financement des postes des PPDE, afin de poursuivre la mission sociale des EBE.